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Solipain ou comment réduire le gaspillage alimentaire et créer de l’emploi

Porté par l’association Handicap Travail Solidarité, le projet Solipain a pour ambition de développer une filière de valorisation de pains invendus tout en créant de l’emploi pour les personnes en situation de handicap. Rencontre avec le président d’HTS, Damien Demoor.

300 000 tonnes de pain sont jetées en France par an. Autant dire que le potentiel est énorme. L’association herblinoise HTS, Handicap Travail Solidarité, qui œuvre à l’insertion des personnes en situation de handicap, en a pris toute la mesure. Elle a mis au point une véritable filière de recyclage de ce pain gaspillé avec à la clé des créations d’emploi pour des personnes en situation de handicap.
Le principe de Solipain, c’est son nom, est simple : les pains invendus sont récupérés dans les boulangeries et les grandes surfaces donatrices (Carrefour, Hyper U, Casino, Intermarché), via des partenaires tels que La Poste, puis triés et transformés par des ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail) en granulés pour l’alimentation animale (60 à 70 %) ou en chapelure pour la pâtisserie (30 à 40 %). Les granulés sont ensuite revendus en circuit court à des éleveurs ou des particuliers, et les pâtisseries dans les grandes surfaces, les cantines ou les épiceries à proximité, sous la marque Euphrasie.

Construction d’un site pilote dans l’agglomération nantaise

Solipain permet non seulement de réduire le gaspillage, de produire une alimentation saine, sans additif ni conservateur, collectée, fabriquée et distribuée en circuit court (moins de 30 km), et de créer de l’emploi pour les ESAT, demandeurs de nouvelles activités. Un vrai cercle vertueux.
« Pour le moment, la production de biscuits a démarré à petite échelle avec l’ESAT Sésame service de La Montagne », explique Damien Demoor, le président de l’association.

« Fin décembre dernier, environ 10 000 cookies avaient déjà été produits. Elle se poursuivra en 2019 avec deux autres ESAT dont Les Ateliers de la Cholière à Orvault en partenariat avec Oniris, l’école nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l'alimentation. La production de granulés pour l’alimentation animale démarrera en début d’année à Sésame Service. »

Mais Damien Demoor voit bien plus loin. Il souhaite lancer la construction d’un bâtiment de 1 500 m2 à énergie positive à proximité du MIN de Nantes, pour la transformation du pain à plus grande échelle, mais aussi pour lancer le projet Solifruits, valorisant les fruits et légumes invendus (1). Le site pourrait employer 75 personnes environ dont une cinquantaine en situation de handicap (essentiellement handicap mental  comme l’autisme ou encore la trisomie).

« Essaimer à l’échelle française et européenne »

« L’idée est d’en faire un modèle rentable et fiable pour pouvoir essaimer à l’échelle française et européenne », s’enthousiasme le président.

« À échéance 2030, nous tablons sur plus de 3 000 emplois créés, 110 millions de chiffre d’affaires et 80 000 tonnes d’invendus recyclés dans 60 sites de production en France et cinq en Europe dont le premier démarrera à Bruxelles en 2022. »

Pour aider à ce changement d’échelle, l’association est sélectionnée en phase 2 du programme européen LIFE qui pourrait financer le projet à hauteur de plus de 2 millions d’euros sur trois ans.
Pour l’heure, HTS bénéficie du soutien d’une trentaine de partenaires publics et privés, à l’image de la Région des Pays de la Loire (20 000 euros) au titre de son plan d’action pour l’économie circulaire adopté en octobre dernier, de Nantes Métropole et du Ministère de l’Agriculture, mais aussi de grands noms comme AG2R La Mondiale, le Fondes et la Poste ainsi que des fondations N&D Carraso, Terre Plurielle (Bouygues) et Carrefour. « Mais nous cherchons encore des financements pour l’achat et l'aménagement du terrain et la construction, soit près de 2,2 millions d’euros. » L’appel est lancé.

(1) En parallèle de Solipain, HTS développe dans le cadre de son programme Solifoodwaste, un projet similaire baptisé Solifruit. À partir des fruits et légumes récupérés, elle produit des confitures, compotes, soupes et tartinades.

Pour en savoir plus : hts-france.org