14 novembre 2024
En quoi la sortie de Scenery, votre première monographie, est-elle importante dans votre travail d’artiste ?
J’ai commencé ma carrière il y a une trentaine d’années et depuis 20 ans, je développe des projets qui prennent à chaque fois 4 ou 5 ans à exister, et qui ont déjà donné lieu à plusieurs livres. Avec cette monographie, je souhaitais dépasser l’approche par série pour offrir une vision plus globale de mon travail. Ainsi, les séries peuvent dialoguer entre elles, et l’on échappe à une lecture parfois trop documentaire de mon œuvre pour se concentrer sur la notion d’espace, très importante pour moi.
Peut-on dire que l’espace est le fil conducteur de votre œuvre ?
Totalement. La question fondamentale de mon travail, c’est comment les espaces sont pensés par des hommes et comment d’autres hommes vont les habiter. Parfois de façon libre et magnifique, parfois de façon totalement contrainte. Dans cette monographie, on retrouve tout à la fois des lieux de travail, de spectacle ou encore des lieux dédiés au handicap. Scenery, le tire du livre, signifie d’ailleurs en anglais autant le paysage que la scène de théâtre.
On distingue pourtant peu d’hommes et de femmes dans vos photos…
Si, mais il faut bien regarder (sourire) ! La présence humaine se résume parfois à des traces sur le sol, qui témoignent de cheminements quotidiens, ou à un personnage dans un coin qui donne l’échelle et explique la fonction de l’espace. Mais ce ne sont effectivement pas des portraits. J’aime quand les photos ont une certaine ampleur, pour pouvoir rendre compte de comment le corps est pris dans l’espace, comment il l’occupe. Si c’est cadré trop serré, on est focalisé sur la personne et l’espace disparaît…
Vous êtes installée dans la campagne sarthoise. Un choix original pour une artiste de votre renommée. Le territoire régional vous inspire-t-il ?
Oui, on retrouve notamment des photos des deux théâtres du Mans, Les Quinconces et L'Espal, du CHU d’Angers ou encore du CESAME, centre de santé mentale angevin, dans ma monographie. Mais habiter la campagne me permet surtout d’avoir un vrai grand atelier. Cela m’offre une grande liberté artistique, je peux y développer comme je l’entends mes photos, en totale autonomie.
Vous êtes en signatures aux Rencontres de la photographie d’Arles début juillet. Un rendez-vous important ?
Bien sûr. Arles est un grand moment de visibilité. Tous les éditeurs et beaucoup de professionnels sont présents, et c’est une chance de sortir ma première monographie à cette occasion. Un livre qui n’aurait pas pu exister sans les différentes aides que j’ai reçues dont celle, décisive, de la Région des Pays de la Loire.
Scenery, disponible à partir de septembre aux éditions Loco
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